Sculpter la cire & immortaliser l’éphémère

Il y a beaucoup de la délicatesse dans le travail et la personnalité de Mona Oren. Artiste plasticienne de talent, Mona sculpte la cire. D’aucuns travaillent la cire comme étape intermédiaire pour couler par la suite les pièces en bronze, mais pour Mona, l’œuvre finale est en cire. Blanches, noires, transparentes, ciselées par les reflets de la lumière, ses sculptures sont d’une grande poésie.

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 Mona Oren,  Wax Tulip Mania, 2020  ©credits : Mona Oren

Sculpter la cire & questionner le temps …

On se demande si ces tulipes en cire d’abeille qu’elle façonne en bouquet résisteront au temps et à la chaleur… elles semblent fragiles mais sont finalement bien plus éternelles que des vraies. Grâce à des années de recherche et de travail de la matière, Mona a dompté cette cire et trouvé un procédé unique, personnel, dont elle seule gardera le secret, pour stabiliser la matière. Le temps changera l’aspect des œuvres vivantes qui se patineront, mais elles dureront.

Mona Oren au travers de ce choix de matière, questionne le temps. Ce medium, à la croisée de l’éphémère et du pérenne, fige et pourtant fond. C’est cette recherche de l’entre-deux qui donne toute sa beauté à ses réalisations.

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 Mona Oren, Wax Tulip Mania, 2020  ©credits : Charlotte Goulain
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Portrait de Mona Oren avec une tulipe en cire, 2020 ©credits : Charlotte Goulain

De la cire au sel, laisser la nature sculpter …

En 2002, Mona Oren, d’origine israélienne, réalise une performance en faisant flotter des fleurs en cire sur la Mer Morte. Le sel, c’est un peu comme pour la cire : lui aussi conserve et fige dans le temps mais fond et disparaît aussi bien. Lui aussi se laisse métamorphoser, façonner par le hasard de la nature.

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 Mona Oren,  Détail de Couché, 2015  ©credits : Mona Oren

Ces champs de « fleurs de sel » légères sur l’eau, elle décide bien des années plus tard en 2020, de les immerger sous l’eau salée de la Mer Morte. Comme pour approfondir davantage la réflexion sur les effets du temps et de la nature. Le sel viendra se déposer, s’accumuler sur ces fleurs. Elles, deviendront des formes organiques couvertes de cristaux jusqu’à ne plus être visibles du tout puis devenir fossiles. Une étape supplémentaire dans le travail de l’artiste qui invite définitivement à une contemplation nouvelle de la nature.

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 Mona Oren, Champ de fleurs en Mer Morte, 2019-2020  ©credits : Mona Oren
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Portrait de Mona Oren en Mer Morte, 2019 ©credits : Asi Oren