Retour sur une serial collab

Janvier 2025, N°4
©Dom Pérignon
@Dom Pérignon

L'ÉDITO

Dès ses débuts, l’agence Caractères Paris est entrée dans l’orbite de la Maison Dom Pérignon et n’en est pas sortie depuis. Ce pairing, comme on dit dans l’univers champenois, ou compagnonnage au long cours autour de l’artisanat d’art et du design, a vu se systématiser l’engagement de Dom Pérignon dans l’art de la belle série rare, révélant des talents ou capitalisant sur de grands noms du design.  Retour sur un partenariat unique.

@Oak Taylor-Smith

Les éditions limitées & Dom Pérignon, une histoire qui s’écrit dans le temps

Le temps long est logiquement inscrit dans l’ADN de l’une des plus anciennes maisons de champagne. Mais, de manière plus philosophique qu’historique aussi, parce que Dom Pérignon place la durée, notamment celle de la maturation, au cœur de son savoir-faire. Privilégier la constance semble s’appliquer tout autant à son approche des éditions limitées, qui lui a fait préférer ces dernières années l’artisanat d’art et Caractères Paris pour l’accompagner dans ses projets, au fur et à mesure que la Maison précisait et systématisait son désir d’exploration créative sur cet exercice particulier de la petite série.

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/ Édition limitée 50 exemplaires Dom Pérignon x Juliette Clovis. 2021/2023

JULIETTE CLOVIS, PREMIÈRE

Le premier volet de cette aventure commence avec Juliette Clovis. Dom Pérignon souhaite être accompagné dans sa recherche des métiers d’art et des belles matières ainsi que dans le développement de ces projets spécifiques. Ce travail à quatre mains mène à une rencontre féconde avec Juliette Clovis sur qui la Maison jette finalement son dévolu. Cette artiste a abordé de nombreux matériaux et techniques dont la découpe de vinyle sur plexiglas, avant de se consacrer à la porcelaine de Limoges, pour une démarche plus personnelle autour des cycles de vie, pouvant faire écho au rapport intime que la Maison Dom Pérignon entretient avec la nature et ses saisons. 

Il aura fallu quelques mois de développement créatif avec le soutien de l’agence Caractères Paris pour faire naître une spectaculaire armure en écailles, produite en 50 exemplaires signés et numérotés. Un travail d’orfèvre pour fixer à la main les 300 écailles sur la rondeur de la bouteille et ajuster un émaillage biomorphique, passant d’une couleur platine à un noir brillant jusqu’à une laque noire profond en dégradé, rappelant le plumage élégant d’un oiseau ou une peau reptilienne. Différents corps de métiers sont intervenus, aux côtés de Juliette Clovis et de l’agence, tout au long de cette production pour réaliser cette prouesse d’artisanat, révélée au grand public en septembre 2023.

©Dom Pérignon
©Dom Pérignon

CHANGEMENT D'ÉCHELLE

Dans le sillage de cette première œuvre, la maison de champagne entend aller plus loin dans sa réflexion autour de la créativité des métiers d’art pour sa prochaine édition limitée, il faut voir encore plus grand regardant le nombre de bouteilles à habiller puisqu’il s’agit de hisser la production à 80 éditions. Dom Pérignon insiste encore sur son envie d’exalter la matière dans une expression très contemporaine. Pour répondre à ce challenge, c’est Mathias Bengtsson, artiste-designer dont les œuvres sont présentes au sein des collections d’une dizaine de grands musées parmi lesquels le Centre Pompidou ou le MoMA à New York que Dom Pérignon retiendra. Pour une raison évidente : la modernité de sa démarche et la créativité de ses formes organiques à partir du métal, qui n’est pas sans rappeler les circonvolutions de la vigne en croissance. 

Des dessins 3D aux prototypes successifs avant de parvenir à la forme définitive, en passant par les étapes d’impression 3D et celle cruciale de la fonderie, où tout se joue, se forme, et potentiellement se risque avant que l’œuvre s’assemble et se couvre d’or, il faut encore deux ans pour que les œuvres « sortent de terre » : une série de sculptures ornementales biomimétiques croissant autour des magnums, disponibles en version or, en hommage au Dom Pérignon Vintage 1999-Plénitude 2 et en or rose pour le Vintage 2000-Plénitude 2 Rosé, dévoilées en décembre dernier. Un geste créateur audacieux et une production dans les règles d’un art exigeant, orchestrée par l’agence depuis Paris.

MATHIAS BENGTSSON, ARTISTE-DESIGNER À LA MANOEUVRE

La dernière série d’éditions limitées de la Maison Dom Pérignon, produite en partenariat avec l’agence Caractères Paris met ainsi à l’honneur un artiste à la notoriété mondiale, par ailleurs cultivateur d’un genre un peu singulier. Le travail de ce designer de formation, passionné de design organique, tend en effet un miroir fidèle à la manière dont la Maison de champagne conçoit le travail de la vigne et la fabrication de ses Millésimes, en quête d’harmonie et de dialogue avec ce que la nature recèle de diversité, d’élégance et de force. C’est d’ailleurs autour de ces thèmes que s’est engagée la conversation entre Mathias Bengtsson et le chef de cave Vincent Chaperon pour penser une création qui porte au plus haut la relation entre la nature, la technologie et la création humaine. 

©Oak Taylor-Smith
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REPOUSSER LES LIMITES SCULPTURALES ET TECHNIQUES DU DESIGN

Le danois, exilé à Stockholm depuis plus de 15 ans, s’est formé au prestigieux Royal College of Art de Londres ainsi qu’à la Danish Design School de Copenhague. Les créations les plus célèbres – la Slice Chair, la Cellular Chair ou encore la Growth Table Titanium – de celui qui a reçu le Prix d’Architecture Finn Juhl en 2011, articulent artisanat et haute technologie. Il a notamment inventé un logiciel capable de cultiver des formes, sortes d’organismes vivants, à partir d’une graine digitale. C’est précisément cette ambition d’innovation, en plus de son esthétique bio-inspirée qui a convaincu Dom Pérignon, dont l’une des ambitions est de marier savoir-faire, technologie et contemporanéité pour s’inscrire dans son temps, riche de son héritage. 

 

Mathias Bengtsson est en effet l’un des artistes les plus précurseurs dans son recours au langage algorithmique qui lui permet de concevoir des objets aux formes complexes dans des matériaux nouveaux. Ses pièces sculpturales sont toujours visuellement saisissantes et techniquement innovantes, à l’image de celles réalisées pour Dom pérignon, qui utilisent l’intelligence artificielle pour créer des formes naturelles, proposant une confusion intéressante entre nature et culture.

GRANDE SÉRIE, GRANDES ATTENTES

L’artisanat d’art est une histoire de temps long, de précision et surtout une histoire humaine où le sublime se risque à la rencontre avec l’aléatoire ; qui demande qu’on remette parfois la main à l’ouvrage, sans compter les heures, soumis à la seule exigence de beauté et d’excellence. Raison pour laquelle il est, sans doute, l’un des langages privilégiés des Maisons de champagne et de spiritueux lorsqu’il s’agit de développer des collections rares. Mais les choses se compliquent lorsque ces mêmes exigences s’appliquent au grand nombre, sans évidemment basculer sur un registre industrieux, qui n’a pas droit de cité dans les Maisons dont nous parlons. Et que le temps lui reste compté pour faire naitre ces projets.

Prenez l’exemple des éditions limitées Dom Pérignon x Mathias Bengtsson justement : 80 sculptures qui, aux yeux de ses futurs acquéreurs, doivent répondre au statut d’œuvre, non pas unique mais pouvant témoigner d’une créativité doublée d’une qualité irréprochable dans son exécution. Elle sera passée au crible de multiples contrôles par les équipes de Caractères Paris et de la Maison de champagne, à chaque étape critique de la fabrication. 

©Oak Taylor-Smith
©Oak Taylor-Smith

Chaque pièce est issue d’un travail d’orfèvre qui doit surmonter les caprices de la matière, les incertitudes du four de la fonderie dans lequel le métal prend vie et forme, le minutieux exercice d’assemblage des 3 morceaux qui la composent et celui de dorure à la main par des doigts habiles mais possiblement sujets à la fatigue ; le tout, en maitrisant le budget dans les limites de l’enveloppe allouée par la marque. Multipliez l’ensemble de ces contraintes par, non pas 30, mais 80 pièces, et vous aurez une idée de la gageure de l’aventure : quand les métiers d’art demandent d’avoir du métier, des idées et un peu de sang froid !

Comme l’a dit Mathias Bengtsson lui-même, « mes œuvres pour Dom Pérignon sont trop importantes pour être des bijoux mais trop petites pour être considérées comme des sculptures ». Échappant ainsi à des proportions connues et maîtrisées par celles et ceux qui les fabriquent et une échelle de production sans précédent, elles ont requis une inventivité et une adaptabilité de tous les instants : un no man’s art auquel Caractères Paris s’est frotté, non sans une certaine habileté si l’on en juge ces dernières éditions limitées mais infinies par les challenges que l’agence a dû relever.

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